Cet article fait suite à l’avis publié par l’Ordre des Psychologues du Québec (OPQ) en septembre 2024, intitulé L’hypnose spirituelle de régression dans les vies antérieures et dans l’entre-vies : considérations déontologiques et légales.
Dans un premier temps, il clarifie la situation concernant la pratique légale de l’hypnose spirituelle au Québec.
Par la suite, il présente les démarches entreprises par l’Institut international d’hypnose spirituelle après sa publication afin de garantir que les enseignements transmis à nos étudiants soient conformes à la législation en vigueur, notamment en ce qui concerne le projet de Loi 21 (2009), afin qu’ils puissent exercer de manière légale et éthique.
Enfin, trois exemples d’accompagnement en hypnose spirituelle considérés comme légaux au Québec sont présentés.
La légalité de l’hypnose de régression (hypnose régressive)
Dans leur avis, l’OPQ nous sensibilise au fait que l’hypnose spirituelle de régression constitue une pratique illégale de la psychothérapie dès lors qu’elle réunit simultanément les trois critères définissant un acte de psychothérapie, tel que dicté par le projet de Loi 21 (2009).
L’OPQ mentionne également dans son avis :
« (…) avant de conclure hors de tout doute à une pratique illégale, il convient d’analyser au cas par cas l’offre de services (…).»
On y mentionne également l’importance de :
« (…) faire une analyse des interventions qui sont réellement offertes, quelle que soit l’appellation qu’on leur donne. »
Mettant en évidence le fait que :
« (…) ce qui doit être pris en compte n’est pas tant ce que l’on dit faire que ce que l’on fait effectivement (…) »
Ainsi, c’est la façon dont l’hypnose spirituelle est pratiquée, les actions concrètes du praticien qui déterminent si cette pratique est légale ou non au yeux du projet de Loi 21 (2009).
Qu’est-ce que le projet de loi 21 (2009)?
Adopté dans un souci de clarification et de réglementation de la psychothérapie au Québec, le projet de Loi 21 (2009) est le fruit d’une collaboration entre le Collège des médecins, les conseillers d’orientation, les ergothérapeutes, les infirmières, les psychoéducateurs, les psychologues, les travailleurs sociaux et les criminologues.
Son objectif principal est de définir précisément ce qu’englobe la psychothérapie, afin de la distinguer d’autres formes d’interventions en santé mentale et de garantir qu’elle soit pratiquée uniquement par des professionnels qualifiés.
Leur conclusion : trois éléments devant être présents simultanément
À l’issue de leur analyse, ils ont identifié trois éléments qui, lorsqu’ils sont présents simultanément, caractérisent un acte réservé aux membres de leurs ordres professionnels.
En revanche, la présence d’un ou deux de ces éléments ne suffit pas à qualifier une pratique de psychothérapie.
Voici les 3 éléments en question :
Premier élément constitutif : Sa nature
Il doit s’agir d’un traitement psychologique, illustré par le fait qu’il porte sur ce qui organise et régule le fonctionnement psychologique et mental de la personne. Ce sont les différents modèles théoriques reconnus, auxquels se réfèrent habituellement les professionnels qui exercent la psychothérapie, qui conceptualisent et opérationnalisent ce qui organise et régule ledit fonctionnement
Deuxième élément constitutif : Son objet
Pour un trouble mental, pour des perturbations comportementales ou pour tout autre problème entraînant une souffrance ou une détresse psychologique.
Troisième élément constitutif : Sa finalité ou ses objectifs
Qui a pour but de favoriser chez le client des changements significatifs dans son fonctionnement cognitif, émotionnel ou comportemental, dans son système interpersonnel, dans sa personnalité ou dans son état de santé.
Ce qu’elle n’est pas
Un traitement va au-delà d’une aide visant à faire face aux difficultés courantes ou d’un rapport de conseils ou de soutien.
Dans son avis, l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ) partage un exemple concret où les trois éléments mentionnés plus haut sont réunis simultanément.
Démarches de l’IIHS
Avant même la publication de l’avis de l’OPQ, l’IIHS avait pris l’initiative de les contacter afin de mieux comprendre les implications légales entourant la pratique de l’hypnose spirituelle de régression. En effet, l’éthique et la conformité légale étant au cœur de nos préoccupations, nous souhaitions nous assurer que notre approche respectait les cadres réglementaires en vigueur.
Voici les principales étapes de notre démarche :
1. Regroupement entre trois écoles
À la suite de la publication de l’avis, l’IIHS a participé à une collaboration avec deux autres écoles québécoises enseignant l’hypnose spirituelle. L’objectif était d’identifier ensemble les préoccupations soulevées par l’OPQ et d’adapter nos pratiques afin de garantir une approche éthique et conforme aux exigences légales du projet de loi 21 (2009). Pendant plusieurs semaines, nous nous sommes réunis chaque vendredi pour travailler en ce sens.
2. Accompagnement par une avocate spécialisée
Parallèlement, nous avons sollicité les services de Me Sylvie Lefebvre, avocate spécialisée dans le projet de loi 21 (2009). Forte de son expertise, elle a participé à plusieurs de nos rencontres et nous a guidé dans l’adaptation de nos pratiques. Depuis l’entrée en vigueur de cette loi, Me Lefebvre accompagne de nombreuses écoles et thérapeutes dans la compréhension et l’application des réglementations encadrant leurs interventions. Elle est reconnue comme l’une des références les plus qualifiées dans ce domaine au Québec.
3. Soutien de deux hypnothérapeutes expérimentées
Nous avons également eu le privilège d’être accompagnés par Lucie D. Gaudreau, hypnothérapeute et fondatrice du magazine Le Pendule, ainsi que par Caroline Breault, hypnothérapeute également. Lucie a par le passé conçu une formation sur le projet de loi 21(2009) destinée aux hypnothérapeutes, avec le soutien de l’OPQ. Grâce à de nombreuses discussions approfondies avec l’ordre, elle et Caroline comptent parmi les rares hypnothérapeutes québécois possédant une compréhension approfondie de cette loi.
4. Position de l’OPQ
Lors de notre dernière rencontre Zoom avec l’OPQ, nous avons reçu une réponse écrite précisant qu’ils ne pouvaient pas nous « accompagner dans notre démarche visant à circonscrire dans quelle mesure les praticiens en hypnose spirituelle pourront continuer d’enseigner et d’exercer cette approche sans contrevenir au projet de loi 21 (2009). » L’OPQ, ne souhaitant pas cautionner cette pratique en raison de son absence de reconnaissance scientifique, nous a plutôt invités à nous référer aux textes législatifs en vigueur afin d’adapter nos pratiques en conséquence.
5. Création du document “La pratique légale de l’hypnose spirituelle au Québec”
Suite à ces échanges, et avec l’expertise précieuse de Lucie Gaudreau, j’ai rédigé un document détaillé destiné à nos étudiants. Ce guide propose des ajustements tant au niveau de l’offre de services que de la pratique elle-même. Il présente également plusieurs exemples concrets (12 au total) d’offre de services en hypnose spirituelle, démontrant comment, dans chaque cas, les trois critères définissant un acte psychothérapeutique (nature, objet, finalité) ne sont jamais réunis simultanément.
6. Transmission et retour de l’OPQ
Dans un souci de transparence, nous avons envoyé ce document à l’OPQ en précisant qu’il contenait les recommandations que nous allions transmettre à nos étudiants pour garantir une pratique éthique et légale. Nous avons également invité l’OPQ à nous faire part, au besoin, de toute observation ou élément qui les questionneraient. Leur retour a simplement réitéré leur position initiale, nous renvoyant aux textes réglementaires existants.
7. Obtention d’un avis légal
D’un point de vue éthique et professionnel, l’IIHS a jugé essentiel d’obtenir un avis juridique avant d’enseigner ce contenu à nos étudiants. Nous avons donc sollicité Me Sylvie Lefebvre pour qu’elle valide, en fonction de son expertise, la conformité de notre approche avec les exigences du projet de loi 21 (2009).
8. Formation et accompagnement des étudiants
Me Lefebvre a également proposé d’organiser avec moi une séance de formation pour nos étudiants, afin de leur transmettre ces informations et de leur expliquer comment pratiquer l’hypnose spirituelle en toute légalité. Par la suite, j’ai moi-même mené deux rencontres avec nos étudiants pour examiner en détail nos pratiques et assurer qu’aucune d’elles ne réunissait simultanément les trois critères définissant la psychothérapie.
3 exemples d’accompagnement légal en hypnose régressive
Dans notre document sur la praticien légale de l’hypnose spirituelle de régression au Québec, nous avons présenté 12 exemples d’accompagnement légal, en présentant comment les trois éléments constitutifs de la psychothérapie (nature, objet, finalité) ne sont jamais réunis simultanément.
Pour une meilleure compréhension :
- Une case verte indique que la condition d’un élément n’est pas remplie.
- Une case bleue indique que la condition d’un élément est remplie.
1. Demande issue d’une curiosité et d’un désir d’exploration ou d’expérimentation
Une demande fréquente provient de personnes qui, après avoir lu des livres ou visionné des vidéos sur internet, ressentent un désir d’explorer ce processus. Ouvertes à la réincarnation, elles souhaitent expérimenter l’hypnose spirituelle pour vivre une expérience, découvrir à quoi cela ressemble et explorer ce qu’elles pourraient en retirer.
Cette curiosité peut inclure :
- Un désir d’accéder à certaines vies passées pour enrichir leur compréhension spirituelle de soi.
- Une quête d’expérience directe pour dépasser le stade de la simple croyance en la réincarnation.
Intervention proposée :
Le praticien pourrait demander à l’Intelligence sage, qui guide le processus :
- D’accéder, si cela est approprié, à une vie passée contenant des ressources ou des éléments utiles pour la vie présente, que ce soit au niveau de savoirs, de savoir-être ou de savoirs-faire.
- Ou, plus simplement, suggérer une vie passée qui serait juste et bénéfique pour le sujet d’accéder, sans cibler une vie passée spécifique.
Premier élément constitutif : Sa nature
Il ne s’agit pas d’un traitement, car il n’existe aucun processus visant à modifier ce qui organise et régule le fonctionnement psychologique du sujet. C’est purement un processus exploratoire.
Deuxième élément constitutif : Son objet
Le sujet n’est pas dans une situation de souffrance, de détresse psychologique ou de troubles comportementaux au-delà des difficultés normales de la vie quotidienne. Sa démarche repose sur une curiosité personnelle.
Troisième élément constitutif : Sa finalité ou ses objectifs
L’objectif principal est d’explorer ou d’acquérir une nouvelle expérience. Il ne s’agit pas de créer des changements significatifs dans le fonctionnement psychologique du sujet.
2. Demande : Contacter et communiquer avec un ou plusieurs Guides spirituels
De nombreuses personnes souhaitent établir un contact avec leur Guide spirituel ou leur ange gardien, selon les terminologies utilisées. Bien que beaucoup soient intimement convaincus de l’existence de ces êtres, elles n’ont souvent jamais vécu d’expérience tangible les concernant. Cette quête vise à expérimenter ce contact et, si possible, à recevoir des messages ou des enseignements qui pourraient être pertinents pour leur vie. Ce désir d’exploration de la dimension spirituelle est également légitime en regard de la Charte des droits et libertés.
Intervention proposée :
Plusieurs méthodes permettent de faciliter le contact avec des Guides spirituels. L’une des approches les plus efficaces pour les débutants, initialement popularisée par le psychologue américain Dr Michael Newton, consiste à débuter par l’exploration d’une vie antérieure et à poursuivre jusqu’à la transition dans l’entre-vies. C’est souvent à ce moment qu’un Guide spirituel se manifeste, de manière similaire aux récits rapportés dans les expériences de mort imminente.
Le processus proposé inclurait les étapes suivantes :
- Préparation des questions : Le sujet peut préparer des questions à poser à son Guide, si un contact est établi.
- Exploration guidée : Une courte régression vers une vie antérieure positive serait amorcée, suivie d’une exploration de ce qui se manifeste naturellement après la transition.
- Facilitation du contact : Si le Guide ne se manifeste pas spontanément, une demande peut être formulée, si cela est approprié, pour qu’un Guide se présente au sujet.
- Alternative : Si aucun Guide ne se manifeste, le sujet pourrait connecter à son Moi Supérieur, pour accéder à des conseils ou des informations utiles pour sa vie.
Premier élément constitutif : Sa nature
L’intervention ne constitue pas un traitement, car elle ne vise pas à modifier ce qui organise ou régule le fonctionnement interne du sujet. Il s’agit d’un processus exploratoire, orienté vers l’établissement d’un contact et la réception potentielle de conseils ou d’enseignements.
Deuxième élément constitutif : Son objet
Le sujet ne présente ni souffrance, ni détresse psychologique, ni problématiques comportementales dépassant les difficultés normales de la vie quotidienne.
Troisième élément constitutif : Sa finalité ou ses objectifs
L’objectif principal est de faciliter une expérience de contact et de communication, sans chercher à générer des changements significatifs dans le fonctionnement psychologique du sujet.
3. Demande : Recevoir des conseils par rapport à un défi de vie
Il n’est pas rare que des sujets ayant vécu des expériences exploratoires enrichissantes souhaitent utiliser cette approche à nouveau pour obtenir des conseils en lien à un défi de la vie quotidienne. À l’instar de consulter une personne sage ou un médium, elles souhaitent entrer en contact avec leurs Guides ou leur Moi Supérieur afin de recevoir une guidance adaptée.
Ces demandes peuvent concerner une grande variété de défis, tels qu’un dilemme personnel, des conseils professionnels (par exemple, identifier des compétences à développer ou des qualités à renforcer), ou encore des difficultés courantes de la vie rencontrées dans des sphères variées comme la vie amoureuse, les finances ou la carrière.
Intervention proposée :
Le processus est similaire à celui utilisé pour contacter un Guide spirituel, mais les questions posées aux Guides sont spécifiquement orientées vers le défi en question. Par exemple :
« Qu’est-ce que vous pourriez enseigner ou conseiller à [sujet] pour l’aider et le soutenir face à [défi X] dans sa vie ? »
Premier élément constitutif : Sa nature
L’intervention ne constitue pas un traitement, car elle ne vise pas à modifier ce qui organise ou régule le fonctionnement psychologique du sujet. Elle se concentre sur la transmission de conseils, d’enseignements ou d’informations pouvant aider le sujet à mieux gérer un ou plusieurs défis de sa vie.
Deuxième élément constitutif : Son objet
Bien que nos services soient spécifiquement destinés à des sujets ne présentant ni souffrance, ni détresse psychologique, ni problématiques comportementales excédant les défis courants de la vie quotidienne, il est important de reconnaître qu’aborder un défi implique parfois un certain niveau d’inconfort. Par conséquent, nous considérerons que la condition associée à cet élément pourrait être remplie.
Troisième élément constitutif : Sa finalité ou ses objectifs
L’objectif n’est pas de créer des changements significatifs chez le sujet. L’objectif en est un de conseil et d’éducation.
Ces 3 éléments représentent ainsi des façons d’accompagner en hypnose spirituelle de régression qui soit permises et légales, de par le fait que les 3 éléments (nature, objet et finalité) ne sont jamais présents simultanément.
Une intervention nécessaire de l’OPQ
Avec le recul, malgré la longueur de la démarche que cela a occasionné, je considère que la démarche de l’OPQ était nécessaire. Depuis longtemps, je souligne le manque d’éthique et de compétence qui existe dans le domaine de l’hypnose spirituelle de régression en francophonie.
D’ailleurs, dès la première page de notre livre Le potentiel insoupçonné de l’hypnose spirituelle, coécrit avec Isabelle Edeline, nous avions déjà mis en évidence cette problématique :
« Depuis une quinzaine d’années, le marché francophone a vu affluer une multitude d’approches variées de l’hypnose spirituelle, les unes divergeant parfois considérablement des autres, certaines flirtant même avec les frontières de l’éthique. »
L’intervention de l’OPQ pousse aujourd’hui les écoles à réévaluer leurs pratiques et à élever leurs standards.
Ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un domaine spirituel que l’exigence de rigueur et d’éthique doit être moindre – bien au contraire.
Par conséquent, si vous cherchez un praticien en hypnose spirituelle au Québec, assurez-vous qu’il ou elle est à l’affût des pratiques en conformité avec le projet de Loi 21 (2009).
Jean-Charles Chabot
Fondateur de l’Institut international d’hypnose spirituelle (IIHS)
Si vous habitez au Québec et que votre cœur vous appelle à accompagner les gens avec l’hypnose spirituelle de régression de façon légale et éthique, sachez qu’à l’IIHS, nous prenons notre rôle et notre responsabilité très au sérieux !
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